Concernant le dessin à l’encre, je pars toujours d’une esquisse préparatoire au crayon. C’est la première étape. Plus le croquis est précis, plus je vais savoir où aller pendant l’encrage ou le remplissage à la peinture. Bien sûr, je dois veiller à ne pas tuer la spontanéité du trait de l’esquisse préparatoire. Le résultat final en dépend. Il m’arrive parfois de littéralement massacrer la force de vie d’un dessin par un mauvais usage de l’encre ou de la peinture.

En dessin, le concept du MA prend tout son sens dans les esquisses qui ne sont pas forcément perçues comme inachevées mais au contraire, constituent un ensemble de lignes ouvertes pleines de vivacité révélant l’esthétique de l’improvisation. Les puristes ne connaissent pas la gomme et le trait doit être pur, parfait du premier coup.

L’encre de Chine permet de travailler là-dessus. Le droit à l’erreur n’existe pas ! Une bavure pendant l’encrage de l’esquisse tracée au crayon et c’est tout le dessin qui est à jeter à la poubelle. C’est rageant quand ça arrive. Mais parfois, l’accident ajoute au contraire une touche esthétique. Ce qui est intéressant avec l’accident, c’est de chercher à le contrôler pour l’intégrer à sa technique afin de fournir de beaux effets.

 

E.R. : Tu as écrit un livre, autour de ton rapport aux tueurs en séries, " Les mots du mal - Mes correspondances avec des tueurs " publié aux éditions Camion noir en 2018. Tu es par ailleurs collectionneur de murderabilia, autrement d’œuvres ''d’art'' produites par des meurtriers, parfois très célèbres. Dans quelle mesure les serial killers t’inspirent-ils ?