D.B. : Ce qui m’interpelle dans les Å“uvres produites par les tueurs en série ou par d’autres catégories de criminels incarcérés, c’est l’authenticité qui s’en dégage. Souvent produites dans l’inconfort d’une cellule de prison et réalisées avec les moyens du bord, elles racontent quelque chose. J’y trouve un intérêt anthropologique et parfois, artistique. Les Å“uvres produites par des criminels en disent parfois long sur leur psyché. Si certains sont de simples reproductions, d’autre sont en revanche de véritables projections de leurs fantasmes et de leurs aspirations. Parfois, ce sont des réminiscences de leurs crimes qui livrent des éléments sur leur modus operandi ou leur préférence en termes de victime. Dans tous les cas, les Å“uvres des criminels sont des documents précieux pour aider à les comprendre.

 

E.R. : En tant qu’auteur, penses-tu que d’autres formes de création nourrissent ton travail ? La littérature, la musique ou le cinéma ont-ils un impact sur ton activité de plasticien ?

D.B. : Quand je suis en création, je suis totalement absorbé par ce que je fais et ce, pendant plusieurs heures. Je peux dessiner et peindre en écoutant de la musique ou avec la télévision allumée qui diffuse un film de mon choix. Ce que j'écoute ne va pas influencer le sujet en lui-même mais plus le rythme selon lequel je vais le produire. Des musiques sombres, joyeuses, lentes, rapides, organiques ou électroniques auront un effet différent sur mon état de nervosité et sur la tension du trait. Mais je ne fais pas vraiment attention à tout cela sur le moment. Parfois, le silence est bien aussi. Je suis alors beaucoup plus attentif et réceptif à ma propre musique interne, comme par exemple, ma respiration ou la tension que je ressens dans mes muscles. L’exercice devient alors une sorte de méditation ou de gymnastique.