Ce concept ne répond pas à des considérations géométriques mais bien à une intuition liée à l’esthétique et à la continuité. Le MA est l’intervalle entre les traits qui les sépare et les relie entre eux. Dans la calligraphie japonaise, l’essence de la chose étant dans le trait lui-même, jamais on ne l’interrompt brutalement car cela revient « tuer Â» l’enchaînement et les intervalles vivants qui font la vie du trait. Le trait est alors considéré comme mort.

En observant la calligraphie japonaise, on peut constater que les caractères ne forment pas de traits distincts mais, au contraire, un tout cohérent. C’est pour cela qu’on n’interrompt ou ne reprend jamais un caractère en court de route. Avec le MA, l’idée est de créer un tout vivant.

Le MA n’est donc pas une recherche du vide et ce n’est pas non plus l’exploration du néant. Bien au contraire, c’est le dépassement de la dualité du vide et du plein. L’utilisation des espaces dits « vides Â» n’a pour fonction que de lui donner un sens. Dans la culture japonaise, le vide n’est donc pas synonyme de néant, contrairement à ce que l’on pense en occident. Il fait partie du plein et l’un sans l’autre ne peut exister. C’est un équilibre naturel et un principe cosmique.

 

E.R. : Quelles techniques utilises-tu ?

D.B. : Des techniques assez basiques. Je dessine à l’encre de Chine avec une bonne vieille plume à dessin, tout ce qu’il y a de plus classique et je peins à l’acrylique ou à l'encre avec des pinceaux qui ont tous plus de vingt ans. Je prends grand soin de mon matériel et le nettoyant après chaque utilisation, je parviens à le maintenir dans un état plus que correct.