S’inscrivant quelque part dans sa continuité, il me semblait logique de proposer mon tapuscrit à l’éditeur qui en était à l’origine. Nicolas C(aste)laux, artiste peintre et écrivain, devenu par la suite directeur de collection, émit un avis favorable pour le faire publier. Je m’offris le luxe d’y apporter une touche très personnelle : un récit autobiographique visant à expliquer l’origine, ainsi que les causes, de mon intérêt pour la noirceur de l’âme humaine et le morbide.

Quelques semaines plus tard, Nicolas me confia son souhait de se raconter lui aussi, en rédigeant ses mémoires. Mais il se heurtait à de multiples interrogations. Quel impact un tel récit aurait-il sur son équilibre ? Risquerait-il de compromettre des années de lutte en faveur de sa réhabilitation ? Cependant, il gardait à l’esprit que malgré ses efforts de réinsertion, les inquisiteurs des temps modernes le jugeraient systématiquement à la moindre occasion. Il les trouvait partout, pullulant comme des rats dans les milieux underground de quelques contre-cultures soi-disant transgressives où, à tort, il pensait avoir sa place, jusqu’à ses terrains d’exercice professionnel appartenant le plus souvent à de puissantes institutions religieuses d’obédience catholique.

S’il subsiste une part de subjectivité et que l’intéressé, au final, ne nous raconte que ce qu’il est prêt à livrer, l’autobiographie demeure une courageuse plongée en soi-même. Un exercice difficile, voire douloureux, mais dont on sort grandi, plus éclairé et averti. Du reste, l’impact d’une telle démarche sur la vie de l’auteur est considérable. Il s’apparente à une onde de choc, éloignant certaines personnes de soi et en rapprochant d’autres. Cette autobiographie est à mon sens l’ouvrage le plus important de Nicolas Castelaux. Il s’y décortique depuis l’enfance, évoque ses obsessions, ses états d’âme, ainsi que les étapes marquantes d’une vie riche en rencontres singulières.