Ce sont des êtres issus d’une époque sans profondeur tellement dénuée de sens qu’ils semblent n’avoir d’autre alternative que de devoir aller puiser un semblant d’identité deux ou trois décennies en arrière, en s’appropriant les codes d’une pop culture révolue, glorieuse et plus créative en son temps, sans cesse réchauffée.

Ils ne sont qu’une creuse copie de ce qui a déjà été avant eux, des remakes humains en somme, de purs produits de nostalgie pour des temps qu’ils n’ont pas connu, cherchant continuellement à compenser la vacuité de leur perpétuel présent dans un monde sans avenir. Ils ne sont qu’une mode passante sans cesse chassée par une autre, à l’image des buzz quotidiens qui se succèdent sur les réseaux sociaux, malhonnêtes extensions virtuelles d’eux-mêmes. Tous ces morceaux de viande ambulants, qui s’agitent vainement dans la non-existence programmée, entrent dans Victor pour y être digérés et plus tard, évacués en étron.

Victor Angst le tueur cannibale, dévoreur ultime de l’hypocrisie humaine, se définit comme une abstraction. Il n’a pas été abusé dans son enfance, n’a pas subi de violence parentale et n’a jamais été la tête de turc de son école. Son manque d’empathie pour l’humanité n’a pas besoin de prétexte.

Incarnation suprême et désabusée de ce qu’il honnit, il n’en demeure pas moins un produit de son époque. De toute façon, tous les tueurs en série le sont parce qu’aucun n’échappent au contexte qui sert de décors à la mythologie de leurs crimes. La seule chose qui semble le séparer de ses victimes est son honnêteté envers lui-même.