La peau sombre et tirant la langue, représentée à moitié nue et vêtue d’un pagne fait de bras coupés, avec pour parure un collier de crânes ou de têtes autour du cou, la déesse chtonienne Kali, de la mythologie hindoue, est liée au Temps et à la Mort. Sautant à pieds joints sur Shiva, l’un des trois dieux primordiaux « le bon, celui qui porte bonheur », elle brandie une tête coupée dans une main et une épée dans l’autre.

Kali est incontestablement la divinité la plus crainte du panthéon indien. Elle aurait livré combat contre un démon redoutable qu’elle aurait coupé en deux avec son épée. Chaque goutte du sang du démon aurait donné naissance à un nouvel ennemi. En réaction, Kali créa les Thugs à partir de ses perles de sueur et leur commanda d’étrangler les démons sans verser leur sang pour ne pas réitérer son erreur. Aidée des Thugs, elle finit par triompher de l’armée des ténèbres et au terme de cette lutte, elle somma ses nouveaux serviteurs de poursuivre sur terre son œuvre de destruction.

Mentionnée pour la première fois à partir du XIIIe siècle, sous le règne de Jalâl ud-Dîn Fîrûz Khaljî, (Né le 14 octobre 1220 et mort le 19 juillet 1296) la secte des Thugs était composée de bandes de criminels hindous, recrutés parmi les deux religions hindous et bouddhistes, et aussi musulmane, cependant sans influence islamique à Kali. Des textes font état de la lutte menée par le sultan de Delhi, de 1290 à 1296, qui l'aurait combattue et ordonné la déportation d’un millier de Thugs à Gaur au Bengale, où la secte aurait continué ses exactions de façon discrète, ainsi qu’en Orissâ, puis aurait retrouvé une visibilité comme force occulte anti-coloniale au XIXe siècle et une résonnance dans la culture populaire à partir de cette époque, jusqu’à nos jours à travers les œuvres littéraires ou cinématographiques.