Issei Sagawa décrit en revanche toute la dualité qui le compose, oscillant entre dépravation sexuelle, violence et nostalgie des douceurs de l’enfance, ce temps éphémère de l’innocence. L’exercice est évidemment narcissique. Issei Sagawa évoque son intérêt pour les productions Disney, les peluches et les sucreries. Au cours du documentaire, on peut le voir étreindre sa peluche fétiche « Monsieur Castor ». Il fait penser à un bébé ayant besoin d’être materné. On se demande parfois si cet état infantile n’est pas l’une des nombreuses manifestations de son champ de perversions.

Certains passages de film agissent comme des espaces de respiration visuelle, en opposition aux plans très rapprochés sur les visages tout au long du documentaire. Les extraits des films de jeunesse en noir et blanc des deux frères offrent un peu de légèreté. Toutefois, cette plongée attendrissante dans l’enfance d’Issei Sagawa suscite rapidement un certain malaise dès qu’on se met à songer à ce qu’il deviendra en grandissant. On s’interroge sur la genèse de sa folie. Ces films familiaux replacent le « monstre » parmi les hommes, le rendant alors humain. On mesure aussi que les frères Sagawa ont été élevés dans une grande proximité.

Un extrait de l’un des « Pinku Eiga», films pornographiques japonais, dans lequel a joué Issei Sagawa est présenté au public. Ce dernier justifie sans doute l’interdiction aux moins de 18 ans de Caniba.