Caniba : Anatomie de l’horreur.

Filmé en plan très serré sur les visages des frères Sagawa, le documentaire apporte une sensation d’enfermement dans la chair de l’autre. Les plans de caméra oscillant entre le flou et la netteté ne permettent aucun recul au spectateur qui se retrouve totalement captif. Les cadrages rigides l’embarquent dans une contemplation forcée de paysages organiques avec leurs reliefs, textures et sécrétions.

Une sensation de claustrophobie se fait sentir face à ces masques de chair peu expressifs. Les yeux figés d’Issei Sagawa laissent présumer les sombres fantasmes qui se trouvent encore dans son cerveau. Parfois, il mange du chocolat et des bruits de mastication se font entendre. On se met alors à imaginer que trente-sept ans plus tôt, c’était la chair d’une femme qui était ingurgitée par cette petite bouche vorace. Et que le petit résidu alimentaire accroché à la commissure de ses lèvres était un bout de sa victime plutôt que du cacao.

Quand certaines questions lui sont posées, notamment sur la gravité de ses actes ou s’il serait prêt à les réitérer, Issei Sagawa n’y répond pas. Il garde le silence ou change de sujet comme pour préserver un secret et entretenir le mystère, un léger rictus sur ses lèvres, tandis que le reste de son visage demeure impassible.