On sait aussi depuis longtemps que les individus violents ont subi des traumatismes psychologiques durant leur enfance. Il fut très étonnant pour moi de constater à quel point les ténèbres de mes correspondants ont apporté leur lot de réponses aux miennes, et m’ont permis de mieux me comprendre. J’apprends des autres, sur moi-même et dans un sens plus large, plus global, sur le genre humain.

Je m’intéresse aussi beaucoup à la dimension « culturelle » du tueur en série. Sa position dans la culture populaire, entre la fascination et la répulsion qu’il suscite. Je m’intéresse à la manière dans le phénomène culturel et réel s’autoalimente.

Pensez-vous qu’il soit possible de définir l’art des tueurs en série ou est-ce un art qui nous échappe ?

« L’art » des tueurs en série n’est bien souvent constitué que de recopiages enfantins sans intérêt. Toutefois, certains tueurs en série livrent sur le papier, à travers leurs dessins, ce qu’on peut appeler de véritables paysages mentaux. Ils offrent une vue sur leur psyché, expriment des peurs, des réminiscences de leurs actes criminels ou de leur passé et parfois, leurs fantasmes les plus sombres. Certains sont parfois très talentueux. Je pense à Gary Ray Bowles ou encore Keith Hunter Jesperson…

En revanche, l’avènement de la murderabilia (Mot-valise pour définir les objets liés à des criminels, et le marché qui en découle.) conduit les tueurs en série à répondre à une demande de la part des vendeurs/collectionneurs qui souhaitent des œuvres « diaboliques », autrement dit les plus sanglantes et les plus effrayantes possibles. Ainsi, nombre de criminels incarcérés livrent des créations sur commande, bien sûr dans la limite de ce que l’administration pénitentiaire autorise à voir passer.