Dans les années 90, Richard Ramirez avait vu son droit de posséder des crayons et du papier pour dessiner interdit par l'administration pénitentiaire. C’était sa sanction pour avoir produit des œuvres qui vantaient clairement ses exploits sanglants. Désormais, il se contentait de dessiner maladroitement, mais avec son propre style, des personnages de Comics, des pin-up, des voitures ou des petits personnages souvent charmants et mignons. Je recevais un dessin de lui avec chacune de ses lettres. De temps en temps, il me réclamait des stylos ou des feutres, mais aussi de lui rendre divers petits services. Ils consistaient à lui faire des photocopies de documents qu'il souhaitait posséder en plusieurs exemplaires afin de les envoyer à ses autres correspondants.
Dans ses lettres, il ne parlait de sa personne qu'en de rares occasions et jugeait que son quotidien sordide, dans le couloir de la mort, ne valait pas la peine qu'on s'y attarde. Pour lui, toute sa vie avait déjà été épluchée et relatée dans de nombreux livres, journaux, documentaires sans oublier Internet. Il ne souhaitait plus en parler. Il est mort le 07 juin 2013 des suites d’une longue maladie.
J'ai commencé à écrire à Ian Stewart Brady en 2010. Détenu dans l’hôpital pour malades dangereux d'Ashworth, j'avais l'appréhension que ma correspondance soit d'emblée interdite mais ce ne fut pas le cas. Au fil de ses lettres fort bien écrites et pleines de références à la littérature classique, il n’avait de cesse d’intellectualiser ses pensées dans le but de trouver justification à ses propres actes criminels et de leur donner un sens. Un peu comme si ses crimes furent le fait d’un exercice existentiel.