Vous êtes encore en correspondance avec des prisonniers ? Avez-vous des anecdotes à ce sujet, un correspondant préféré ? Ou au contraire une déception ?

Je corresponds encore avec certains prisonniers et nos échanges durent depuis plusieurs années. Durant ces neuf dernières années, j’ai eu l’occasion de correspondre avec de nombreux tueurs en série et d’autres types de criminels mondialement célèbres. Des tueurs en série américains David Berkowitz et Richard Ramirez en passant par le tueur en série anglais Ian Brady, mais aussi avec Françis Heaulme ou l’un des leaders du Ku Klux Klan, Edgar Ray Killen qui, dans les années 60, avait commandité les assassinats de trois défenseurs des droits civiques. Son affaire a inspiré le film Mississippi Burning avec Willem Dafoe et  Gene Hackman. Je relate le fruit de mes correspondances avec eux dans mon livre « Les mots du mal – Mes correspondances avec des tueurs Â», parut en février 2018 aux éditions Camion Noir. Mais j’aborde aussi des criminels moins connus du grand public et tout aussi intéressants.

Au cours de nos échanges de lettres, Francis Heaulme me parlait parfois de ses problèmes familiaux, de sa haine profonde envers son père et de l'amour sans limite qu'il vouait à sa mère. Il m'expliquait le syndrome de Klinefelter dont il est atteint. Il s'agit d'une anomalie génétique qui se caractérise chez l'humain par un chromosome sexuel X (féminin) supplémentaire. L'essentiel du contenu de ses lettres à venir évoquait son quotidien carcéral, le fait qu'il ne se mélangeait pas aux autres détenus qu'il trouvait bizarres et méchants avec lui. Son écriture maladroite et pleine de fautes d'orthographe donnait un caractère enfantin à ses lettres. Francis Heaulme, manipulateur et menteur pathologique me racontait régulièrement des mensonges pour se rendre intéressant.