Il m'évoquait parfois de brèves réminiscences de sa vie d'homme libre et me narrant à plusieurs reprises ses voyages à moto ou en train à vapeur, en Belgique et en France, dans le but de se fournir en armes à feu ou pour poursuivre d'autres intérêts criminels. Son amour de la France était palpable et il vantait souvent les délices de nos terroirs.

"Oui, j’ai parcouru la France à plusieurs reprises pour acheter des armes en Belgique, avant de parvenir à nous assurer un approvisionnement illimité au Royaume-Uni. J’ai toujours fait escale à Paris, même si ce n’était parfois que pour une seule nuit. Quand je voyageais en voiture, je préférais emprunter les routes départementales et gouter aux vins et fromages des petits villages, où les vieux bâtiments en pierre et les allées pavées se laissaient bercer par l’histoire.

J’ai également visité l’Allemagne, l’Autriche et d’autres endroits à l’Est – les villages de l’Est, plongés dans la pénombre, semblaient appartenir à une toute autre époque, mais pas au 20ème siècle ; l’obscurité ne retenait que l’odeur de moisi émanant du feuillage et de la terre labourée et humide."

Empli de ressentiment et de résignation quant à sa propre condition, il m'exposait brièvement son quotidien à l'hôpital d'Ashworth et qualifiait souvent le personnel soignant de "babouin". Un jour, il me fit par du fait qu'il réclamait son droit à mourir et qu'il entretenait une grève de la faim depuis 1999, tout en étant nourri de force par le nez à l’aide d’une sonde, par le personnel de l'hôpital d'Ashworth.

Interné depuis près de 40 années dans une cellule de l’hôpital d'Asworth, Ian Stewart Brady n'éprouvait pas le moindre remord pour ses crimes. Pire, il intellectualisait sans cesse ses forfaits pour mieux les justifier et leur donner un sens.