Les magnétiques rayons de l'Univers m'aveuglent et me font tituber sur les terres désolées d'Ahriman. Trébuchant sur le charnier du monde, je m'enlise jusqu'aux genoux dans cet espace infini en décomposition et qui s’étend à perte de vue. Au terme d'un dégradant périple où chacun de mes pas dénature les corps en putréfaction qui jonchent le sol, les Tours du Silence apparaissent devant moi.

Cyclopéennes, elles sont là depuis toujours, sombres et arides. De ces puits de pierre s’élèvent des milliers de vautours au ventre rempli de toutes les âmes qu'ils ont absorbé. Dans le ciel noir et crasseux, l'essaim macabre dessine une danse lourde et sans fin. Soudain, les rapaces fondent sur moi, lacérant ma chair à coups de becs et de serres lors de frénétiques assauts. Tandis qu'ils me dévorent, je peux voir mon reflet dans les yeux de chacun d'entre-eux, ils sont comme les fragments d'un miroir brisé. A présent, le vautour c'est moi et je vais à mon tour embrasser tous les maux du ciel dans une ronde éternelle.

Dans les méandres de ma psyché embrumée, je me suis laissé piéger. Désormais, la folie perce mon crane et il n'y aura pas de casque assez robuste pour en contenir l'explosion. Je gravis les marches d'un panthéon en ruine aux divinités impies lavées de toute adoration et oubliées du temps lui-même. Ces Dieux que plus personne ne vénère et qui prospèrent dans l'oubli, affranchis du poids de la ferveur des hommes, m'ont salué dans mon ascension.