Diana Michener est née en 1940 à Boston, USA. Désirant devenir peintre, elle étudie la peinture avec Raphael Soyer à New-York, mais découvre vite qu’elle déteste sa manière de peindre. Insatisfaite, elle se tourne vers un autre mode d’expression. Son œuvre photographique débute en 1970. Au printemps de cette année-là, elle se fait opérer de la colonne vertébrale et deux de ses vertèbres lombaires lui sont retirées.

Elle passe sa convalescence dans une ferme de Long Island avec ses deux filles. Obligée de prendre de grandes précautions pour se déplacer, elle découvre un autre rythme de vie, plus lent, et l’envie lui prend de saisir cette période inédite de sa vie. L’un de ses amis lui prête son appareil photo, un Nikon, et une pellicule couleur. Elle commence à photographier ce qu’elle voit mais à sa grande surprise, les images saisies par l’objectif ne sont pas fidèles à celles qu’elle pense avoir prises. Diana Michener se lance alors dans une autre série, cette fois-ci en noir et blanc, qui marque le début de sa quête alchimique. Elle ne tarde pas à adopter la technique qui lui convient le mieux.

Ses photographies argentiques nous entraînent dans des profondeurs existentielles qui ne peuvent laisser insensibles. La grande finesse est là, tout n’est que délicatesse derrière le voile des ténèbres. Diana Michener est connue pour ses travaux percutants autour de la mort, sujet qu’elle traite avec une grande pudeur malgré l’apparente dureté de certains clichés. Quelque chose de fort, de totémique se dégage des têtes de bovins tranchées gisantes à même le sol dans la mare de leur propre sang (Heads, 1985-1986). On est frappé par la dignité qui émane de ces animaux venant juste d’être abattus pour les besoins de l’homme. On détecte dans leur regard quelque chose de troublant, comme une forme de sagesse que l’on ne trouve pas chez nombre d’humains de leur vivant.