Une autre fois, je me suis amusé à faire Elmer, le remue-méninges, créature atypique du film d’horreur des années 80 portant le même nom et qui est une parabole sur la toxicomanie. Elmer est un gros ver plusieurs fois centenaire qui a besoin d’un hôte pour vivre. Afin d’être toléré par la personne qu’il décide d’occuper, il lui injecte une drogue jouissive et ultra-addictive dans la nuque, lui ouvrant alors un éventail de perceptions sublimées mais générant une dépendance foudroyante et douloureuse quand la sensation de manque survient. Depuis son apparition au Moyen-âge, Elmer est passé de main en main ou plutôt de nuque en nuque, tout au long de l’Histoire jusqu’au XXe siècle, rendant complètement fous tous ceux qui devenaient accro à son nectar hallucinogène. Elmer parle et il est philosophe. Au fil des siècles il a eu tout le temps d’apprendre le fonctionnement de l’homme pour mieux en exploiter ses faiblesses et épuiser ses ressources. Ce film est aussi drôle que dérangeant.

 

E.R : Quel est ton rapport au rêve, au cauchemar ? Peut-on parler d’onirisme ?

D.B : J’accorde une grande importance à mes rêves ou à mes cauchemars. Je m’en souviens souvent et consigne scrupuleusement dans des carnets ceux qui me marquent le plus. Certaines de mes créations en sont directement inspirées.

Je ne sais pas si on peut parler d’onirisme dans mes œuvres mais ce qui est certain, c’est que j’accorde une grande importance au pouvoir de l’imagination. J’aime me dire que les rêves et les cauchemars sont des projections de nos univers intérieurs, des instants appartenant à une autre dimension peut-être aussi vraie et puissante que la réalité elle-même.