Joel Peter WITKIN est un photographe né à Brooklyn (New York) le 13 septembre 1939. C'est l’un des triplés de Max Witkin et Mary Pellegrino. Joel et son frère, Jérôme, survécurent alors que sa sœur fut morte née. Cette dernière l’a toujours hanté, ce qui explique la présence de cadavres de fœtus ou d’enfants dans son travail.

Son père est un juif russe et sa mère une catholique romaine. Leur divergence en matière de foi les plongent dans un climat de conflits récurrents. Leur religion les pousse au divorce en 1942. Lui et son frère sont alors élevés par leur mère dans la tradition catholique. Les nombreuses références à l’Holocauste qui jalonnent l'œuvre de Joel Peter Witkin indique que la religion juive de son père l'inspire.

En 1945, à l'âge de six ans, Joel Peter Witkin est témoin d'un grave accident de voiture et voit la tête décapitée d'une petite fille rouler à ses pieds. Confronté à la mort de manière directe, cet événement le marque à jamais. Les traumatismes de Joel Peter Witkin ont pour effet de susciter en lui nombre d'interrogations sur l'essence même de la vie. Son père, passionné par les revues d’actualités de l’époque, lui montre des photos illustrant certains articles. Witkin est dès lors influencé par Wegee, le célèbre photographe de crime urbain.

« A six ans, j’ai assisté avec ma mère et mon frère à un carambolage impliquant plusieurs voitures à Brooklyn. De l’ombre des véhicules retournés, a roulé vers moi ce que j’ai pris pour un ballon, mais comme il roulait plus près et finissait par s’arrêter contre le trottoir où je me trouvais, j’ai pu voir qu’il s’agissait de la tête d’une petite fille. Cette expérience m’a fait tomber amoureux, non seulement d’elle, mais de la vie en général. Plus tard, lorsque pour la première fois j’ai tenu en main un appareil photo, c’était comme si je tenais la tête de cette petite fille. »